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Marine Peyre

« La céramique impose ses règles »

20districts : Marine, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ton parcours ?

Marine Peyre : J’ai effectué mes études à Marseille, d’abord à l’École des Beaux-Arts, puis à l’École d’Architecture. Mon parcours a débuté avec la création d’objets, avant que je ne m’installe à Paris, il y a treize ans. J’ai alors progressivement orienté mon travail vers le mobilier. Aujourd’hui, j’ai crée ma propre marque, Marine Peyre Éditions, mais je travaille aussi en freelance pour diverses maisons. Mes collaborations s’inscrivent dans des registres variés, souvent centrées sur les assises, domaine dans lequel je me suis spécialisée, mais aussi sur des projets plus complexes, plus riches et diversifiés.

Pour la galerie 20 District, tu présentes le chandelier « ZAGO ». Peux-tu nous en parler ? Et pourquoi ce nom, justement ?

Zago, parce qu’il s’inspire de la forme du zigzag, que l’on retrouve dans la composition même de l’objet. C’est un véritable jeu de lignes et d’emboîtements, de formes géométriques simples qui se déploient selon des directions variées, un peu comme un paysage abstrait. Je souhaitais un nom court, facile à retenir, qui évoque à la fois cette dynamique de lignes brisées et ce rythme. Ainsi est né Zago, une sorte de clin d’œil au zigzag.

Le chandelier est modulable …

Oui, en fait, il faut d’abord imaginer un gros monolithe, un bloc de pierre qui se décompose selon des plans obliques. Chaque forme s’imbrique parfaitement dans la suivante. Le chandelier est composé de quatre bougeoirs distincts. Si je les sépare, j’obtiens quatre formes indépendantes. On peut s’amuser à jouer avec les lignes, en inclinant différemment chacun des bougeoirs…J’ai également choisi de laisser volontairement la partie intérieure de la céramique non émaillée, ce qui souligne les lignes et le volume, et crée un rythme visuel très marqué.

On peut conserver les pièces assemblées, soit les dissocier entièrement, les disperser à différents endroits dans la maison, et créer ainsi des ambiances multiples, changeantes. Il y a aussi un jeu subtil de couleurs : elles dialoguent harmonieusement entre elles, mais fonctionnent tout aussi bien isolément. C’est un équilibre délicat entre matière, volume et hauteurs.

Il s’agit d’une pièce unique ?

Tout à fait. Ce chandelier est une pièce unique, que j’ai réalisée cet été, pendant mes vacances. Cela faisait longtemps que je n’avais pas travaillé sur un objet, et jamais sur de la céramique. J’ai eu la chance qu’une amie possède un atelier dans les Landes, ce qui m’a permis de me lancer.

Au départ, je pensais le processus simple : prendre un bloc de terre et découper les formes. Mais en réalité, c’était un vrai travail de construction. La céramique impose ses règles, notamment avec la cuisson. Il a fallu évider l’intérieur pour éviter que la terre ne se fissure.

Ainsi, la forme a été soigneusement découpée… En vérité, il y a deux parties qui sont collées par la terre, mais l’intérieur des bougeoirs est creux.